Passions et états d’âme (XVIIe vs XXIe siècle)
L’âge classique explique l’intériorité et l’intersubjectivité à l’aide des « passions », parties intégrantes de la rhétorique et de la poétique depuis l’Antiquité, présentes au cœur des traités de morale, de philosophie ou de médecine, aussi bien que du théâtre et de la peinture. Le XVIIe siècle offre un répondant attendu à ce qu’on a pu considérer comme un « emotional turn » des sciences humaines dans les vingt dernières années.
En centrant chaque séance sur une émotion particulière, on observera en miroir le traitement ancien et contemporain d’affects majeurs comme la joie, la colère, la tristesse, la honte, ou d’états d’âme plus spécifiques – la déception, l’ennui, la curiosité, la nostalgie. À la conceptualisation propre à un champ disciplinaire donné (histoire, philosophie et psychanalyse) se substitueront des questions non systématiques : à quoi ressemblait la peur avant l’invention de l’angoisse ? Comment s’articulent, dans l’histoire des émotions, les facteurs sociaux (par exemple le code de l’honneur dans l’Ancien Régime), l’approche psychologique (l’intériorisation supposée d’une psychologie des profondeurs), et l’approche physiologique puis neurobiologique ? Les animaux ont-ils des passions ? Les anges sont-ils émus ? Les émotions du spectateur sont-elles fausses ? fictives ? figurées ? Y a-t-il un style naturel des passions ? Existe-t-il des émotions sans nom ? sans objet ? Les passions peuvent-elles connaître, peuvent-elles mentir ? Sont-elles un simple effet de discours ?
Le but principal de cette mise en miroir sera d’éviter le figement des deux versants historiques en un Ancien et un Nouveau régime des émotions et de soumettre en connaissance de cause des réflexions inactuelles (les émotions angéliques, la taxinomie des larmes par Cureau de la Chambre, la modélisation des passions animales) à un type d’enquête étrangère à leur propre cadre épistémologique.
Le séminaire proposera des dialogues avec des intervenants extérieurs, comme Régine Borderie (U. Reims), Anne-Emmanuelle Demartini (U. Paris Nord), Denis Kambouchner (U. Paris I), Hélène Merlin-Kajman (U Sorbonne nouvelle), Florence Naugrette (U Sorbonne nouvelle), Jean-Pol Tassin U. Paris 6), Martin Rueff (U. Genève), et autres à confirmer.
