Les normes de rationalité qui émergent entre les XVIIe et XVIIIe siècles en Europe, avec la structuration des sciences expérimentales, ont été de puissants agents de transformation de l’espace public et des rapports entre les sociétés et le pouvoir. Divers facteurs, dont les crises environnementales, le développement des sciences et des techniques dans les sociétés industrielles, les controverses socio-techniques, et un certain volontarisme des États ont, à partir du XXe siècle, contribué à diversifier les acteurs et les publics concernés par les débats à propos de sciences et d’environnement. Les enjeux scientifiques et écologiques ont débordé du cadre des institutions de recherche pour devenir des problèmes publics, travaillés par l’expertise, la communication professionnalisée, le journalisme, les associations et les organisations non gouvernementales. Les luttes sociales et les revendications de participation aux prises de décision en matière scientifique, technique ou environnementale ont alors accompagné une progressive institutionnalisation de dispositifs de « gouvernance » et de démocratie participative.
Face à la complexité croissante des relations entre sciences, environnement et société, une compréhension renouvelée de ce que l’on appelle « science », « culture scientifique », et « publics » s’impose, notamment pour tenir compte d’autres formes de savoirs (savoirs locaux, savoirs pratiques, expertise, etc.), mais aussi pour interroger l’idée d’un « progrès » des savoirs qui serait la garantie d’un mieux-être social et d’un bon fonctionnement de la démocratie.
Le cours se basera sur des présentations historiques, des lectures théoriques et des enquêtes de terrain récentes pour donner aux étudiants une maîtrise de l’analyse des relations entre sciences, environnement, pouvoirs et sociétés, avec une attention particulière aux questions posées par les dispositifs participatifs.